Albane Dubois : coeliaque et qualifiée aux JO de Tokyo !

Albane Dubois, sportive olympique ?

Bonjour, je m’appelle Albane Dubois et je viens d’être qualifiée pour représenter la France aux Jeux Oympiques de Tokyo sur l’épreuve voile (49er FX) avec ma coéquipière Lili Sebesi cet été 2021. C’est pour nous un rêve qui est en train de se réaliser, et ce n’est pas ma maladie coeliaque qui va nous arrêter !

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Tu as la maladie coeliaque ?

J’ai été diagnostiquée en 2011, alors que je terminais ma première année d’études de kiné. Je présentais une forme cutanée assez rare de la maladie, on l’appelle dermatite herpétiforme. J’avais des plaques de boutons sur toutes les articulations, je trainais une grosse fatigue et une douleur au tibia qui ne passait pas. A posteriori, il est assez facile de faire le lien entre tous ces symptômes, mais sur le moment, ce n’était pas si clair. On pensait que je souffrais d’allergies à mon produit de lessive ou de psoriasis.

Comment s’est passé le diagnostic ?

Suite à un bilan de santé complet, les résultats ne laissaient plus de doutes : anémie sévère, niveau d’anticorps liés à la maladie coeliaque catastrophique et fracture de fatigue au tibia. Ma maman souffrant aussi de cette maladie, il ne m’en a pas fallu beaucoup plus pour comprendre ce qu’il m’arrivait. Selon les analyses des biopsies, j’en souffrais surement déjà depuis deux ans, sans m’en être rendu compte. J’ai commencé le régime de suite, et on m’a fait des perfusions de fer pour m’aider à remonter la pente plus rapidement. J’avais pourtant été testée plus jeune pour la maladie coeliaque, mais à ce moment-là, elle ne s’était probablement pas encore déclarée dans mon corps.

Et ta carrière sportive dans tout ça ?

C’est en septembre 2014 que j’ai réellement commencé la voile de manière intensive à Marseille, j’étais donc déjà diagnostiquée coeliaque à cette époque, mais j’allais beaucoup mieux. Je travaillais comme kiné à mi-temps, et le reste je m’entrainais. C’est seulement en 2018 que j’ai décidé de me consacrer à la voila à 100%, pour mettre toutes les chances de mon côté pour la qualification de la France.

Maladie coeliaque et sport de haut niveau, c’est possible ?

Je gère très bien mon régime alimentaire sans gluten. Dans le cadre de mon entrainement, je suis quand même suivie de très près. Un préparateur physique m’envoie des programmes spécifiques, et il y a aussi toujours médecin, kiné, nutritionniste, psychologue et coach disponibles au pôle. Je suis vraiment bien entourée ! Les moments les plus compliqués à concilier avec le régime sont bien sûr les déplacements, parce que je suis loin de chez moi et de mes habitudes. La majorité du temps, cela se passe bien parce qu’on loue un appartement équipé dans lequel je peux cuisiner. Par contre, c’est plus difficile quand on est logé à l’hôtel, comme ce sera le cas à Tokyo cet été.

Pour Tokyo, une organisation particulière liée à ton régime ?

Oh que oui ! Je vais devoir prévoir trois semaines de nourriture parce que là bas, le sans gluten est beaucoup moins répandu qu’en France. On ne trouve presque pas de produits spécialisés. Nous logerons dans un hôtel à 1h30 de Tokyo, parce que les épreuves de voiles auront lieu à Enoshima (ville des surfeurs). C’est génial, mais cela rend les choses encore plus compliquées. Nous mangerons à l’hôtel le matin et le soir et heureusement, un médecin sera avec nous et fera le lien avec les cuisiniers, pour leur expliquer exactement de quoi il s’agit. Lorsqu’ils sont prévenus à temps, ils sont géniaux ! Mais c’est difficile pour eux de faire des changements de menus sur le moment et ils ne connaissent que les ingrédients japonais. À midi, je vais devoir me débrouiller toute seule. Les autres achètent simplement un déjeuner sur le pouce à la Marina, ce ne sera pas possible pour moi. C’est comme ça que j’ai développé un superpouvoir : je sais (presque) tout cuisiner avec une simple bouilloire et je me débrouille vraiment bien avec les moyens du bord ! En bref, je partirai avec trois valises : l’une remplie de vêtements, l’autre de matériel technique pour le bateau, et la dernière bourrée de nourriture !

Les points positifs ?

Ce que j’ai appris avec tout ça, c’est certainement à mieux m’organiser ! Je ne peux plus me permettre de partir “à l’arrache”, j’anticipe, je pense à la logistique de chaque situation. Et heureusement, avec le temps, il est possible d’être organisé et décontracté à la fois. J’ai quelques produits toujours sur moi (ex : les sachets de quinoa précuits), je sais ce qu’on peut trouver dans le commerce, et pour le reste, je vois sur le moment. Mon mot d’ordre : si on y croit, tout est possible !


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BONNE CHANCE Albane ! Nous te suivrons tous de près (à travers nos écrans) cet été ! Merci encore d’avoir pris le temps de nous partager ton histoire.

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