Un régime trop restrictif, synonyme de descente aux enfers ? L’expérience d’Elisa
TW cet article traite de troubles du comportement alimentaire et de perte de poids déraisonnable - ne pas poursuivre la lecture si ces sujets sont (encore) trop sensibles pour toi.
— Cet article ne parle pas de la maladie coeliaque, mais des conséquences qui peuvent être engendrées par un régime trop restrictif —
Élisa, c’est qui ?
Je m'appelle Élisa, j'ai 24 ans, je suis psychologue et atteinte du syndrome de l'intestin irritable (SII). Mes proches me qualifient souvent d'une femme pleine de joie de vivre, et c'est vrai, j'aime croquer la vie à pleines dents et faire le clown. Mais je n'ai pas toujours été si vivante et je reviens de loin…
Ce que j’aurais aimé faire entendre
Je ne suis pas atteinte de la maladie cœliaque. Mais je suis hypersensible au gluten, et à beaucoup d’autres aliments aussi. Du coup, pas évident de trouver un équilibre alimentaire varié. On a mis 23 ans à me diagnostiquer mon SII. Dès mon plus jeune âge, j'ai enchaîné les rendez-vous médicaux, les examens, les traitements.. sans résultats. Des douleurs abominales. Malade six mois par an. Toute le temps triste et fatiguée. J’avais la sensation que quelque chose clochait, mais je n’arrivais pas à savoir quoi.
Après ma rupture d’une relation toxique, je décide de me reprendre en main. Sport, alimentation.. mais rien n’y fait. Nausées, ballonnements et sensation d'exploser dès que je mangeais, crampes horribles, symptômes dépressifs. Je ne comprenais pas comment c'était possible et j'étais persuadée qu'il y avait quelque chose, mais personne ne m'écoutait. Après avoir consulté cinq médecins différents en quatre mois, et écarté quelques hypothèses, je rencontre enfin un gastro-entérologue qui m'annonce que je suis atteinte de SII. Sans suit un nouveau et énième traitement, et l'hypothèse d'un régime sans FODMAP (attention ! le régime FODMAP est extrêmement restrictif et nécessite un suivi médical continu. Il n’est bénéfique que dans certaines conditions très spécifiques. Ne jamais se lancer dans ce régime seul). Super, enfin la réponse à toutes mes questions.
Ce régime restrictif, ma descente aux enfers
Je décide alors de faire ce régime sans FODMAP (en plus du sport, relaxation...) pour visualiser ce qui gêne : gluten, lactose, trop sucré, trop salé, fritures, légumineuses... Tout y passe. Verdict après une semaine: la révolution, plus aucune douleur, plus de nausées, plus malade, un appareil digestif qui fonctionne... Malheureusement, mon corps a fini par ne plus rien accepter à part quelques fruits et légumes. Résultats: -12kg au compteur. En moins de deux mois. Je n'arrivais plus à me réalimenter par peur de revoir tous ces maux réapparaître, j'ai fait une véritable fixette sur ce ventre qui pouvait parfois doubler de volume. Je suis tombée dans l'anorexie mentale. Très gravement. Et j'ai fini par être hospitalisée avec mes 38 kilos sur le dos et une dysmorphophobie de ce ventre que je voyais constamment énorme.
Ce qui m’aurait aidé
En retraçant mon histoire, ce que j'aurais aimé, c'est d’abord qu'on m'écoute. Qu’on me croit. Qu’on me prenne au sérieux. Qu'une fois le diagnostic posé, qu'on me propose un suivi régulier, de voir une diététicienne, une nutritionniste.. que sais je. Qu'on m'aide tout simplement. Mon hospitalisation a été difficile, mais très bénéfique. Elle m'a permis de faire la part des choses entre ma vision de mon corps et la réalité. Entre ce que je m'interdisais à tord, et ce qui réellement me faisait mal. J'ai pu prendre le temps de réfléchir, m'apaiser et apaiser les douleurs grâce à la sophrologie, la méditation, la cohérence cardiaque, etc. Aujourd’hui, je n'ai toujours pas de suivi médical, malgré mes demandes.
Ce que j’aimerais vous dire
Si vous êtes persuadés que quelque chose cloche dans votre corps, battez-vous pour qu'on vous écoute. Battez-vous pour vous faire aider. Battez-vous, car vous êtes votre seul moteur. Parlez-en, vous n'êtes pas seul(e)s.